mardi 6 novembre 2018

Allaiter malgrè tout


photo de Melanie studiolynea
J'ai allaité mes filles. Allaiter mon fils, mon troisième et dernier bébé était très important pour moi.

Une grossesse et une naissance particulière

Guillem est notre troisième enfant.
J'avais envie d'avoir trois enfants, c'était le bon moment pour nous et pourquoi pas "tenter" d'avoir un garçon après nos deux princesses.
Nous avions gagné ce pari, nous étions très heureux. C'était avant de connaître le diagnostic de Justine. C'était avant de savoir que le placenta s'était implanté en bas, avant de savoir que le bébé naîtrait par césarienne. J'ai quand même tout fait pour accueillir au mieux ce Petit Prince.
Avec toutes ces épreuves je savais que ce bébé serait notre petit dernier.

J'ai pu allaiter les filles, chacune pendant 9 mois. Deux allaitements qui se sont très bien passés. Une amie m'avait prévenu que les premiers temps pouvaient être douloureux mais qu'une fois les 10 premiers jours passés c'était super. Effectivement, au début c'est douloureux mais j'ai été bien entourée à l'hôpital, bien informées sur la position du bébé, les crèmes pour soulager. J'ai vu une sage femme spécialisée en allaitement qui m'a donné de bons conseils pour que tout se passe bien.
J'ai eu aussi la chance de ne pas avoir d'engorgements, crevasses ou autre soucis qui peuvent dissuader.
Bref, deux allaitements au top! J'ai allaité les filles exclusivement pendant 6 mois puis on a ralenti en diversifiant l'alimentation pour arrêter doucement à 9 mois.

Pour Guillem le contexte était difficile. Sa naissance s'est finalement passée en urgence, sous anesthésie générale, avec une grosse transfusion de sang pour moi.
Mon désir, ma volonté de l'allaiter est restée intacte. L'équipe de la maternité était bien au courant de tout ce qui se passait pour nous. La gynécologue, les sages femmes, les puéricultrices, les auxiliaires, tout le monde a été à l'écoute de mon projet.

Après une césarienne, en plus sous anesthésie générale, en plus avec transfusion sanguine, la mise en place de l'allaitement est plus difficile. Ils ont donc proposé des Dispositifs d'Aide à la Lactation (DAL). Du "DAL au doigt" qui consiste à faire téter le petit doigt au nourrisson  en même temps qu'une sonde toute fine. Le doigt est plus proche du bout de sein que la tétine. Il boit un lait maternisé. Les soignantes l'ont nourrit comme ça la première nuit pour me laisser me remettre et préserver l'allaitement maternel.

Ensuite on lui a proposé du "DAL au sein". On installait Guillem au sein toujours avec une sonde fine. "On" car sur les premières mises au sein une soignante m'aidait à le placer correctement. La position du bébé qui tète est très importante pour bien stimuler la lactation et éviter les crevasses ou autre. Ce dispositif permet de stimuler la lactation tout en nourrissant le nourrisson qui au final boit du lait maternisé à la paille !

En plus de ça, la sage femme m'avait préconisé de tirer mon lait pour qu'il y ait une montée de lait plus rapidement. J'allais avoir besoin d'un tire-lait électrique pour l'allaiter malgré mes absences pour m'occuper de sa sœur à l'hôpital. Une représentante de Delta Santé (que j'avais choisie sur une liste) est venue me faire tester une machine. J'avais très peu tiré mon lait pour mes filles, ça ne me plaisait pas trop mais là je n'avais pas le choix. On s'y fait.

Avec tout ça et surtout une volonté très forte, l'allaitement s'est mis en place et comme pour ses sœurs, sans aucun souci de crevasses, engorgement ou autre infection.


Deux semaines après la naissance, Justine a été opérée. C'est le papa qui a assuré le séjour en réanimation puis en soins continus. Je venais la journée avec Guillem pas loin, aidée de mes parents.

C'est en Juin que le tire-lait est devenu indispensable. Justine a été hospitalisée un mois pour une chimio à haute dose et auto-greffe, en chambre stérile. Guillem n'avait que 1 mois et demi. La cadre du service nous a autorisé à le faire entrer dans le service, il avait un lit emprunté à la maternité en salle des parents. Je ne le prenais pas systématiquement avec moi, il fallait un autre adulte pour s'occuper de lui quand j'étais dans la chambre de Justine… Alors je passais une partie de la journée sans lui. L'équipe des soins protégés me laissait tirer mon lait dans un sas près de leur salle de repos (endroit utilisé par les soignantes qui allaitent aussi!).


On a ensuite eu un rythme plus ordinaire. 
En Septembre, Guillem a commencé à aller chez une assistante maternelle. Les moments sans moi la journée, il continuait à boire mon lait que je tirais.
En Octobre, la dernière phase de soin de Justine a commencé. Elle était de nouveau hospitalisée, par période de 2 semaines, et passait 3 semaines à la maison entre. C'était le début de la diversification alimentaire pour mon tout petit. Mais pour moi il était hors de question que j'arrête de l'allaiter en fonction des dates d'hospitalisation de Justine. Je voulais continuer à respecter mes choix et ne pas être contraintes par la logistiques des soins (je l'étais suffisamment malgré tout!).
Sur Instagram je suis une maman inspirante et inspirée de trois enfants, Eve de Minireyve. Elle parlait à ce moment là de séjour loin de chez elle sans son petit dernier et continuait à l'allaiter.
Je l'ai contactée, on a échangé et elle m'a confortée dans mon choix. Allaiter sans être toujours à côté de son tout petit, c'est possible et pas compliqué. J'étais déjà décidée à continuer, ce témoignage de maman m'a mise en confiance.

J'ai pu allaiter Guillem 9 mois en tout. C'est lui qui a voulu arrêter!

Cet allaitement a été très important pour moi. Les moments exclusifs avec mon fils m'ont permis d'avoir un lien fort avec lui. Ces moments étaient aussi des bulles de calme, de repos, d'évasion pour oublier quelques instants les épreuves et vivre cette maternité pleinement.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez moi un petit mot !